Avant-propos du réalisateur
Si aujourd’hui la voie maritime représente 80% du transport de marchandises, c’est au prix de profonds changements qui ont fait de ce secteur l’un des plus radicalement mondialisés.
Dès les années 1970, l’apparition des pavillons de complaisance a bouleversé le secteur dans son ensemble. Les navires battent pavillon maltais, panaméen ou libérien. Ils sont affrétés par des agences néerlandaises, hongkongaises, situées dans les plus grands ports mondiaux. Leurs armateurs sont pourtant grecs, français ou estoniens. Ils emploient librement des marins de toutes nationalités, principalement russes ou philippins, quel que soit le littoral visité.
Sur terre, il est loin le temps où l’on allait se promener en famille sur les docks le dimanche après-midi, le temps des petits vendeurs, des prostituées qui visitaient les navires en escale. Les ports n’ont cessé de se déshumaniser. Les terminaux commerciaux se sont d’abord éloignés des villes : le long des estuaires, à Bordeaux, au Havre ou à Saint-Nazaire ; ou sur des plateformes gagnées sur l’océan, comme à Rotterdam. Puis ils se sont refermés sur eux-mêmes, derrière les lourdes grilles qui maintenant délimitent les ports : après le 11 septembre 2001 et le Patriot Act, les règles d’accès se sont durcies, les ports se sont bunkerisés derrière des grilles équipées de portiques ne s’ouvrant qu’à l’aide de badges électroniques.
Au milieu d’un décor parfois irréel, on trouve des marins en errance. Les temps passés à terre sont devenus brefs. Le romantisme des escales du XXe siècle est dépassé. La vie des marins a changé. Le temps d’un film, je tente de nous la dévoiler avec pudeur et empathie. Plus que l’esthétique rugueuse des cargos et des terminaux qui les entourent, c’est la vie quotidienne de ces hommes qui me touche.
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