SUEURS FROIDES – ALFRED HITCHCOCK
FORMATION MARDI 15 NOVEMBRE 2005 – LYCEE RENOIR A ANGERS
Intervenant : Emmanuel Burdeau
Vertigo :
film le plus commenté de l’histoire du cinéma !
Sa force : penser le film de sa conception à
sa sortie (sens de la publicité autour du film très développé)
cf. la spirale : idée abstraite et formelle : presque
un logo.
Hitchcock : pose sa signature
sur ses films, s’est imposé dans le système de production du cinéma, a réussi à
faire que son œuvre soit immédiatement reconnaissable.
Particularité : longue carrière dans le cinéma muet,
marqué par expressionnisme allemand. Il part en 1939 aux Etats Unis.
Il se pensait comme le plus grand cinéaste Américain !
Avec Fritz Lang, sont deux cinéastes qui ont emblématisé la
mise en scène.
Vertigo : c’est le
3è volet de la trilogie avec James Stewart :
-
Fenêtre sur cour
-
L’Homme qui en savait trop
Porte d’entrée dans ces
films : sont construits sur une
certaine forme de handicap : cf. Vertigo : personnage en proie aux
vertiges (acrophobie)
-
film repose sur identification du spectateur à l’acteur.
Hitchcock voulait mettre en scène le spectateur…
Film = sommet
carrière américaine d’Hitchcock et de son œuvre en couleurs.
Succès public et réception
critique mitigés alors qu’ Hitchcock est habitué aux succès…
Vertigo : a consacré définitivement en France
Hitchcock.
Sujet
film : histoire d’une machination. Film coupé en deux.
Histoire d’un homme qui tombe amoureux d’une femme mais réalise que ce qu’il
aimait en elle était fabriqué de toutes pièces…
Hitchcock : véritable
auteur (ce mot appartient à la
littérature) car mise en scène, capable d’imposer la régularité d’une signature
(dans une industrie avec ses contraintes). Pensait chaque film avec un défi
technique à réaliser :
-
Fenêtre sur cour : un seul lieu
-
Vertigo : combinaison travellings avant + zooms arrière
(pour signifier l'effet de vertige)
Chez Hitchcock, notion de culpabilité et d’innocence liées à sa métaphysique.
Par contre n’est pas concerné par la justice des USA (pas le thème de Vertigo)
cf. scène du procès : comique macabre cruel où le juge
apparaît être la voix intérieure de Scottie.
Notion de maîtrise, de contrôle du cinéaste : sur le
moindre élément de caméra… d’où parfois figure du cinéaste
« tyran » ! Au tournage puis au montage rien ne leur
échappe !
cf. découpages chez Hitchcock : très construits.
Mise en scène au cinéma : fait que
les films sont organisés par rapport aux regards.
Vertigo :
point de vue du spectateur enchaîné dans celui du personnage.
Danger mise en scène dans vertigo : organiser
toutes les choses selon l’autorité d’un seul regard, c’est se condamner à
mettre les choses sous la seule logique du regard. Ce qui amène à la question
de l’image de l’apparence.
Question du point de vue du
cinéaste : témoin ?
observateur ?
épouse point de vue du
personnage ?
intéressant car permet de réfléchir à la question de la
distance.
Extrait
1 : Scottie découvre Madeleine pour la première fois au
restaurant
Scène très importante, Hitchcock place Madeleine dans le
regard de Scottie par un lancement de regard.
Extrait
2 : Madeleine est chez Scottie après l’épisode de la baignade
Mouvements d’appareils : sont peu ou prou les mêmes à
chaque fois, on part de James Stewart et la caméra élargit la perception de la
scène…
Dans extrait 2 : ellipse : on comprend que
Scottie a ramené Madeleine chez lui, qu’il l’a déshabillée (cf. vêtements qui
sèchent dans cuisine) et couchée. Ici, la caméra effectue un trajet dans
l’espace qui signifie un trajet dans le temps…
Dans ces deux extraits : 2 mouvements d’appareils ont pour fonction
de voir le regard du personnage et le plan d’après : ne se raccroche
pas !
Courbe se détache… ce qui s’enchaîne : regard du
personnage et regard du spectateur… (cf. scène du restaurant : flagrant).
Hitchcock : cinéaste d’une très grande sensualité, mouvement de
caméra : comme une caresse… Imaginaire érotique – constellation
d’éléments… cf. dos de Madeleine : filmé comme un fétiche
Cinéaste nous place d’emblée dans la fascination de
Madeleine, encore plus que Scottie lui même !
Réputation cinéaste : efficace, rapide or
suspense = attente. Ici cinéaste de la suspension. Tentation de pétrification,
statuaire.
Image fascine car image arrêtée.
Musique a même fonction que la caméra :
Capacité à suivre le cours des pensées des personnages chez
Hitchcock
Vertigo : construit sur la répétition.
Film dont on a fait le plus de
remake :
cf. Brian de Palma : Obsession, Body double, Pulsions…
cf. David Lynch : Mulholand drive, Lost Highway…
cf. Abel Ferrara : Blackout
cf. récemment Conte de cinéma
cf. Godard : le contrôle de l’univers
Partir des extraits : partir des images, analyse de
séquences, scènes…
Danger et difficulté :
considérer que la totalité du film se concentre dans la petite unité de la
scène.
Nécessité de convaincre les élèves que chaque changement de
plans correspond à un choix, un arbitraire…
-
dans la filature : Madeleine n’a pas d’expression !
prend des poses, affectation d’absence, sensée être atteinte de mélancolie.
=Type de jeu désaffecté
-
idée du toucher : caméra liée à un regard mais porte au
toucher : cf. bouquet banc- puis bouquet peinture…
-
étrange effet bouquet :
bouquet
chignon :
chignon
-
fascination créée par force motrice du regard / absence de
parole renforce la fascination.
-
Film va vers images arrêtées – figées.
-
3 tunnels :
magasin arrière boutique
(bizarrerie de passer par là !)
église
musée
Bibliographie :
-
recueil d’articles de Pascal Bonitzer : « le champ
aveugle », cahiers du cinéma
-
Eric Rohmer : « l’hélice et l’idée »,
-
Jean Douchet : « Hitchcock » (lecture
ésotérique du film)
-
Bill Krohn : « Alfred Hitchcock au
travail »
-
N°spécial cahiers du cinéma
-
N° 41 de Trafic
printemps 2002
-
Recueil articles de Serge Daney